Mobilisation des retenues hydroélectriques pour soutenir l'étiage

Fin janvier 2022, les Ministres respectifs  de la Transition écologique et de l'Agriculture et de l'alimentation demandaient au Conseil général de l'Environnement et à celui de l'Agriculture de conduire une expertise  sur les conditions de mobilisations des retenues hydroélectriques pour le soutien d'étiage dans le bassin de la Loire.

Cette demande découlait du fait que [ plusieurs cours d'eau du bassin de la Loire présentent fréquemment des étiages sévères qui peuvent se prolonger en période automnale. […] les préfets de départements sont amenés à prendre des arrêtés de restriction temporaire d'usage de l'eau. […] Les études prospectives pour le bassin de la Loire font état d'une diminution significative des débits annuels des cours d'eau, comprise entre -10% et -40% d'ici 2070 ainsi que d'une baisse prononcée des débits d'étiage dans certains secteurs].
Il existe, pour le bassin de la Loire, dix-sept ouvrages de retenues d'eau destinés à des fonctions diverses comme les barrages de Villerest et Naussac, essentiellement destinés au soutien des étiages ou à l'écrêtement des crues, d'autres retenues sont spécifiquement destinées à la production électrique, d'autres, enfin, ont des fonctions d'alimentation de biefs divers.

L''étude demandée consiste essentiellement à examiner, pour chacun de ces ouvrages, la possibilité de modifier leur gestion pour utiliser leurs réserves d'eau afin de soutenir les étiages sévères sans remettre en cause leur fonction initiale. En d'autres termes, examiner la possibilité de concilier des objectifs parfois différents mais tous d'intérêt public. Il ne peut être question de présenter les avis formulés par les rapporteurs pour chacun des ouvrages considérés mais la méthode est particulièrement intéressante : tenir compte de l'évolution des contextes climatiques et réfléchir pour trouver les compromis acceptables.

Dans les conclusions de ce rapport rédigé en novembre 2022, il est indiqué que les retenues hydroélectriques sont déjà largement mobilisées dans des dispositifs de soutien d'étiage bénéficiant à la Loire amont, à quatre de ses affluents (Cher, Creuse, Vienne et Sioule) et à deux fleuves côtiers bretons. Cependant, les ressources hydroélectriques encore mobilisables peuvent apporter un complément appréciable mais limité. Il y est indiqué, en particulier, que les améliorations  proposées ne permettront pas de répondre aux ordres de grandeur nécessaire pour faire face aux sécheresses constatées aujourd'hui et de préciser : [la seule solution, est de réduire les consommations, ce qui ne peut s'envisager que si tous les acteurs sont sollicités de manière équitable ]...[La démarche suppose la mise en place d’une gestion quantitative généralisée, garantissant la transparence des prélèvements de tous les usages ].  

Les rapporteurs ne passent pas sous silence l'idée de certains acteurs de réaliser la construction d'un grand réservoir en citant les nombreuses réserves qu'un tel projet rencontrerait et concluent [L'hypothèse de la construction d'un tel barrage ne doit en aucun cas retarder les efforts nécessaires sur le bassin de maîtrise de la consommation d'eau et la mise en place de la gestion quantitative ].

Ce rapport et ses annexes sont particulièrement intéressants et il est vivement conseillé, pour les lecteurs curieux ou avertis, d'en prendre connaissance dans son intégralité. Celui-ci est chargeable sur :

https://www.igedd.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/014269-01_rapport-publie_cle524373.pdf

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